Un moment de télévision

Publié le par sfr69

Ce soir, après beaucoup de boulot, j'ai allumé la boîte à images. D'abord regardé le journal de F2, rediffusé en différé d'une demi-heure sur TV5, pour constater qu'encore une fois "y a plus de saisons", et que les inondations, avalanches, etc. sévissent toujours.
Puis zappé sur F2, où se tenait "en direct", une émission sur la précarité, avec un présentateur qui sait de quoi il parle puisqu'il gagne plus d'un smic par jour (pour voir sa rémunération, http://www.argent-salaire.com/salaire-jean-luc-delarue-40000.php ; j'ignorais l'existence de ce site).
Grand moment de "service public" où des cas particuliers, soigneusement mis en scène, empêchent de mettre en perspective ce problème des travailleurs pauvres ou des mal-logés, qui n'est pas, n'en déplaise à JL. Delarue, créé par la crise financière de ces derniers mois. 
L'écriture du reportage sur un couple de cinquantenaire, coiffeurs, tous deux licenciés et obligés de vivre dans une caravane dans le jardin de la maison de leur fille,  était cinématographique, pas journalistique. Expulsés pour quelques arriérés de loyer et une dette que leur interlocuteur pourrait éponger en quelques jours (voire sur-le-champ). Un reportage vu sur M6 il y a quelques mois m'avait paru infiniment meilleur et plus "humain". Ici, on voit certes une "famille unie", mais on reste dans le superficiel, les pleurs et l'émotion, bercés par la musique de James Blunt.

Pendant l'entretien qui a suivi le reportage, j'ai relevées quelques perles de cet animateur :

"Le sentiment de honte, c'est la double peine"
"On est un grand pays pour la solidarité quand même....Le Téléthon...Les Restos du Coeur"
"Samu social, c'est vraiment quand on est dans un cas de grande précarité"
"'c'est le service public, c'est comme ça, c'est normal que ce soit comme ça, c'est la solidarité"
"on est en direct intégral, ça fait chaud au coeur de voir ça, à 6 dans une chambre d'hôtel, je vous propose de voir ce reportage"
"pas de tabou, on va pas cacher la vérité telle qu'elle est, et pourtant on garde espoir"

Et puis j'ai vite éteint la boîte à images, en pensant au squatt de Roms près de chez moi à Villeurbanne ou à ces collégiens qui n'ont pas de table chez eux pour manger ou faire leurs devoirs, pendant que des Bernard Madoff en herbe font disparaître des milliards de dollars en fumée.

PS. Le site d'"Arrêt sur images" est revenu sur cette émission désolante: http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1490

Publié dans Société

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