Colère sociale

Publié le par sfr69

Et hop, un nouvel article pour faire sauter la pub (qui revient si on passe 45 jours sans poster de nouveau message)

Ce début d'automne est bien occupé.

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La France connaît un mouvement social sans précédent depuis bien longtemps.

Entre 2007 et 2009 il y eut les mouvements universitaires contre les réformes Pécresse ; en 2003 il y eut la réforme des retraites Fillon ; en 2006, le CPE...

Aujourd'hui, presque tout le monde a de bonnes raisons de manifester son mécontentement. On parle d'une nécessaire réforme des retraites . Peu de monde en contestera la nécessité. Mais réformer tous les 7 ou 8 ans (on nous promet un rendez-vous en 2018 !) en diminuant sans cesse les pensions des futurs retraités, est-ce une solution crédible ? Et un progrès social ?

 

Reprenons.

Il y a eu la crise des subprimes. Les financiers du monde entier ont eu des sueurs froides, les gouvernements ont sauvé les banques... Mais pas les millions d'emplois détruits à cause de cette crise. Les gouvernements ont dû emprunter, financer des plans de relance... avant de devoir adopter des plans de rigueur !

La colère sourde et retenue, sporadique et localisée (souvenez-vous de l'épisode des "Continental" dans l'Oise), s'est généralisée. Car en France, Sarkozy et son gouvernement ont délibérément et méthodiquement favorisé les plus riches, depuis 2007. Ils ont délibérément choisi de se priver de ressources en baissant les prélèvements sur les contribuables les plus imposés, en leur offrant de défiscaliser leurs investissements (loi Scellier) ou des services à la personne, qui leur font payer moins d'impôts que leurs locataires ou leurs "serviteurs" !

La crise des subprimes était peut-être difficile à comprendre, mais l''injustice est plus facile à piger. Le financement des retraites par le recul des limites d'âge pour avoir le droit de prendre sa retraite (60 -> 62 ans) et pour avoir une retraite à taux plein si l'on n'a pas ses annuités (65 -> 67) fait peser sur les bas salaires, sur les travailleurs soumis au chômage, sur les femmes, la menace d'une baisse de leurs revenus, déjà maigres. C'est bien pour cela qu'autant de monde se retrouve, depuis un mois et demi, dans les rues des villes de France. D'autant que  des ministres condamnés ou soupçonnés ont mené, depuis le printemps, des réformes dénoncées par une majorité de la population. Si au moins ils "montraient l'exemple" ...

 

Le gouvernement a fait la sourde oreille. Il joue une partition "politique" au sens pas noble du terme, en pensant à la présidentielle de 2012. Le pourrissement du mouvement renforcera les convictions sécuritaires de certains électeurs de droite et pourra peut-être affaiblir l'opposition syndicale et politique, pense-t-il.

Il a sa part de responsabilité dans les événements actuels : un mouvement social pacifique et bien organisé s'est vu rejoindre par des individus qui attendaient depuis des mois une occasion de se livrer à leurs excitations favorites : casser des vitrines ou brûler des poubelles ou des voitures, jouer au chat et à la souris avec la police. Souhaitons que ces événements malheureux n'entament pas la détermination des syndicalistes, derrière qui des millions de gens ont décidé de marcher.

 

Derrière la réforme des retraites, il y a en filigrane plus de vingt années de renforcement de l'inégalité du partage capital/travail. Celà, certains le savent, beaucoup le sentent. Et l'amour de l'argent manifesté par le pouvoir en place depuis 3 ans renforce un fossé comme il n'y a rarement eu dans les relations pouvoir politique/opinion publique depuis le début de la Ve République.

 

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